La plupart des secteurs d'activité ont été très impactés par la crise du Covid. Cependant, certains ont été inattendument chanceux. C'est notamment le cas du marché du vin, qui a globalement profité de la situation. Lorsque le premier confinement a été annoncé, le gouvernement français a en effet estimé que le vin était une denrée de première nécessité. Cela a permis aux stocks de continuer à être écoulés... et peut-être même un peu plus qu'en temps normal, au vu du succès des apéros-Skype !
Un secteur qui a su se réinventer
Même si les vendeurs de vin ont été autorisés à ouvrir durant les différents confinements, la plupart ont toutefois réduit leur présence en boutique car peu de clients étaient présents physiquement à l'extérieur. Cavistes comme vignerons, ils ont du faire preuve de créativité pour faire persister leur activité. Ainsi, la plupart sont passé par internet ainsi que les réseaux sociaux. Beaucoup ont développé ou remodelé leur site internet afin de permettre de passer des commandes en ligne. 31% des vignerons français ont en effet créé leur site de e-commerce durant la période de Covid.
Au-delà des sites webs personnels de chaque vigneron ou caviste, ce sont également les plateformes de vente de vin en ligne (ventes privées...) qui ont explosé. En effet, beaucoup de clients ont adopté durablement ce mode de consommation, même au-delà de la crise. Cela permet un gain de temps, d'argent parfois grâce aux promotions proposées, et cela sans bouger de chez soi. Plutôt que de se rendre chez les cavistes ou sur les foires, l'achat en ligne est rapide et permet aussi d'avoir une sélection plus large de vins internationaux. Cela est d'autant plus bénéfique pour les producteurs car les clients vont souvent être tentés d'acheter plus que prévu ou de faire des achats compulsifs.
Les confinements ont aussi encouragé le "consommer local", et c'est pourquoi beaucoup de viticulteurs ont mis en place des systèmes de livraison et de click&collect. 30% d'entre eux ont développé la vente directement à la propriété, et 36% ont commencé à vendre à des cavistes. Nécessaires à la survie des producteurs de vin, ces nouveaux services ont également permis de renforcer le lien de proximité avec les clients. Les cavistes et épiceries ont quant à eux fait d'autres compromis qui se sont avérés concluants : drives, livraisons, ouverture à des horaires inhabituels...
L'impact du Covid sur le marché du vin français en chiffres
A première vue, on aurait pu penser qu'avec la fermeture des bars et des restaurants, l'année allait s'annoncer difficile pour les vignerons. Pourtant, grâce aux ventes en supermarché et aux ventes en ligne, la plupart s'en sont plutôt bien sortis. Confinés, les français en ont aussi profité pour boire plus de vin chez eux, la nourriture et la boisson étant parmi les seuls plaisirs encore permis durant cette période.
En 2020, 65% des cavistes et épiceries fines ont déclaré avoir réalisé un bon chiffre d'affaires. 52% ont même enregistré une hausse des ventes par rapport à 2019, et 23% ont constaté des ventes stables. Ce sont particulièrement les vins blancs et rouges dont les ventes ont doublé entre 2019 et 2020, mais les spiritueux ont eux aussi engendré une hausse des ventes de 54%.
Quant aux vignerons, seulement un quart d'entre eux ont déclaré une baisse de leur chiffre d'affaires en 2020. Un tiers environ considèrent que l'année a été meilleure que la précédente malgré les circonstances, et près de la moitié jugent le bilan stable. La période des fêtes de fin d'année a également permis à certains de remonter la pente, les ventes étant plus importantes qu'à l'accoutumée.
Et à l'international ?
En France comme dans la plupart de l'Union européenne, la consommation de vin pendant le Covid est globalement restée inchangée. Mais certains pays enregistrent une forte hausse comme l'Italie (+7,5% par rapport à 2019) ou encore le Brésil (+18,4%). A l'inverse, elle a chuté en Espagne de 6,8%, ou encore en Afrique du Sud de 19%.
En tout, la consommation mondiale de vin en volume a chuté de seulement 3% en 2020. La casse a donc été limitée, au vu des prévisions faites par l'Organisation internationale de la vigne et du vin qui étaient de - 10%. A noter également que cela aurait pu être bien pire étant donné la mise en place simultanée des taxes Trump sur les vins en provenance de l'UE.
Quel avenir pour le secteur du vin ?
67% des vignerons et cavistes entendent continuer à exploiter les nouveaux canaux de distribution et services qu'ils ont mis en place pendant le Covid. Ce, indépendamment du fait que la crise continue ou non. Les ventes de vin en ligne ayant notamment connu un franc succès, il se pourrait que les comportements d'achat de vin en France soient modifiés de façon durable.
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